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« Autisme: j’accuse! » de Hugo Horiot… Critique ulcérée…

Avant de parler du livre écrit par le fameux Hugo Horiot, (« fameux » parce qu’il se dépeint lui-même comme un des seuls autistes médiatisés, en citant deux autres qu’on ne vous présente plus dans son livre… et oubliant tous les autres, qui s’expriment quand même, localement)  , j’aimerais vous dire comment je me suis procurée ce livre 🙂  Je l’ai trouvé dans une « boîte à livres » comme il en existe de nombreuses dans ma ville!
Le concept est génial, on peut y déposer des livres, et en prendre pour soi. C’est une bonne occasion de découvrir des livres qu’on n’aurait pas achetés faute de moyens ou faute d’y penser, ces petites boîtes là font partie d’un changement vers la gratuité de certaines choses, dont la culture et l’art… ça va tout à fait à contre sens de ce que j’ai lu dans ce livre que je n’aurais jamais acheté parce que « trop cher » (17€) et maintenant que je l’ai lu, avec un très mauvais rapport qualité prix!

Je ne serai en aucun cas désolée d’exprimer exactement ce que j’en pense, et il sera difficile de me coller dans une des cases que semble distribuer Monsieur Horiot à ceux qui oseraient ne pas aimer sa réflexion!
Je suis l’autiste sans chaîne, celle qui a grandi dans la rue, au contact des « riens »,  l’autiste qui n’a pas réussi « socialement », celle qui se refuse à vendre les choses qu’elle est capable de produire, celle qui refuserait (et qui a déjà refusé) d’être médiatisée et de parler au nom de tous! Je suis celle qui fait chier tout le monde mais qui aide n’importe qui, celle qui n’a aucun talent d’actrice, celle qui ne laisserait pas un autre autiste parler de fabrication de bombe ou de révolution sans « rien faire » ou rien dire… Je suis détestable pour la majorité, mais je ne me tais pas même le couteau sous la gorge, littéralement. Je me devais de dresser un portrait que dresseraient mieux les gens qui me connaissent vraiment, comme Hugo se dresse un portrait flatteur! Je plante un décors afin que ceux qui voudraient me remettre à ma place de « mais t’as pas écrit de livre toi » ou « mais t’es pas célèbre » ou que sais-je, parce que j’ai osé critiquer ce livre, sachent à quoi ils ont à faire :’)

Je vais néanmoins commencer par le positif, parce qu’évidemment il y en a, rien n’est jamais tout noir, on ne vit pas dans un monde où les bons sont d’un côté et les méchants de l’autre, les autistes ne sont pas plus frères entre eux que ne le sont les neurotypiques, c’est pas moi qui vais prétendre le contraire, je connais un peu trop la vie pour tomber dans une facilité pareille. (mes propos sont plein de tacles au livre, il faudra l’avoir lu pour tout comprendre ^^).

Le positif donc, ce que j’ai vraiment apprécié, c’est qu’on trouve toutes les sources sur lesquelles Hugo s’appuie pour écrire, et j’en avais lu pas mal il faut dire, mon travail de vérification a été assez rapide et facile du coup. Certaines sources m’ont légèrement agacée, mais bon, elles y sont, chacun peut donc aller se faire son idée en allant lire des articles ou études en parallèle de l’interprétation qu’en a fait Hugo (et d’ailleurs, je vous le conseille vraiment!). Le livre est facile à lire.

Autre  côté positif, il y a certaines choses sur lesquelles je suis d’accord, avec plus de nuances (et de recul?) mais on se rejoint- notamment sur l’extrémisme de certains « groupes » de gens qui ne seraient là que parce qu’en pleine crise identitaire…  Sur les problèmes de gestion de l’autisme et des autistes en France- mais ça c’est pas nouveau, on n’apprend rien quand on connait déjà le sujet- c’est même limite bâclé.

Voilà, y’a des petits points où je suis plutôt d’accord, et d’autres où je suis ulcérée… Petit bémol, Hugo n’est pas au courant de tout ce qui se passe sur le territoire, et ça ce n’est pas du tout de sa faute- il ne peut donc pas savoir que certaines choses avancent dans le bon sens pour des autistes qui partaient vraiment pas gagnants, et que c’est grâce à des gens de bonne volonté, et qui ne traitent pas les autistes comme Hugo veut bien le faire croire dans son livre, mais qui les écoutent, leur donnent une place, et les soutiennent… Et oui, il y a des gens qui ne sont pas autistes qui nous veulent du bien…

Pour le négatif, ben tout le reste! Hugo semble vivre dans un monde totalement différent du mien, il en a le droit, mais bon, à trop se prendre pour une « race supérieure » ou le « futur de l’humanité », à mon avis, on finit pas se casser la gueule… Je n’y crois pas moi au fait qu’on soient là pour envahir le monde (on serait la modification génétique de l’homo sapiens lulz), pour esclavager les neurotypiques sur lesquels on aurait le pouvoir de les rendre stupides en étant les « maîtres » des réseaux sociaux.  En fait j’œuvre au contraire pour ouvrir les yeux des gens pour qu’ils ne se fassent pas manipuler justement, pour qu’ils lèvent le nez de leur téléphone, pour qu’ils se disent « je t’aime » au lieu de se l’écrire en émojis, bref, Hugo n’est décidément pas mon frère…  Il a des pensées amères qu’on a tous eu plus ou moins quand on a souffert, mais à moment donné il faut digérer et avancer, et faire du cas par cas. Non, tous les neurotypiques ne sont pas les mêmes, et tous les autistes non plus… D’ailleurs, il faudrait qu’on ne dise plus « il y a autant d’autismes que d’autistes » d’après Hugo, alors que d’après moi, ça se vérifie même au sein d’une même famille.

Bref, vous l’aurez compris, je n’ai pas aimé ce livre, je ne le conseillerais surtout pas à un neurotypique, par contre j’invite les autistes à le lire et à en faire la critique (publique ou personnelle), parce qu’il me semble que cette façon là de penser est dangereuse, et qu’on a le droit de ne pas vouloir être assimilé à sa vision de l’autisme, tout comme on a le droit de se sentir l’âme suiveuse de ses propos, je ne vais pas jeter la pierre, je sais d’où vient cette rage, mais je sais également qu’elle n’est pas constructive! Enfin j’aime à croire que chaque autiste est son propre maître à penser, me concernant en tous cas, c’est pas une célébrité qui va me faire penser différemment.

Ah j’allais oublier, je m’indigne d’un certain passage menaçant  » #AutiLeaks  Avertissement à nos ennemis », je m’indigne après avoir rigolé ^^’ … On ne menace pas les gens pour qu’ils changent leur comportement, on commence par montrer l’exemple et par ne pas snober les autistes non célèbres qui nous contactent pour les aider ou les conseiller comme on devrait le faire logiquement, si l’on était aussi frères qu’Hugo pense que nous devrions l’être… (Tacle ultime, Hugo ne le sait pas, mais je l’ai moi même déjà contacté, deux fois, et il m’a snobée 🙂 Alors elle me fait bien marrer son apologie des autistes qui dirigent le monde et qui observent et notent les faits et gestes de chacun!).

J’ai terminé, n’hésitez pas à donner votre avis sur ce livre en commentaire, que vous l’ayez aimé ou détesté, j’attends votre ressenti (et je me garderai de le critiquer! Soyez tranquilles!).

Salutations cuillèrées  😉   Just_autist.

6 Commentaires

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    • bellehigue sur 2 juin 2020 à 16 h 20 min
    • Répondre

    Salut . Je suis une viok autiste (66 ans) En écoutant France Info , je suis tombé sur une une interwieu d’Hugo Horiot . C’était il y a quelques temps , pour la sortie de son livre . A la question du journaliste lui demandant à quel âge il avait été diagnostiqué , il a répondu qu’il n’avait jamais été diagnostiqué !
    Sans commentaire

    1. Sérieusement!? J’ose espérer qu’il faisait de l’humour- sinon il a un sacré culot!

    2. Salut, pourtant on lit partout: « Diagnostiqué autiste à l’âge de 3 ans, Hugo Horiot « 

    • Cathy C sur 11 janvier 2021 à 21 h 48 min
    • Répondre

    Je n’ai pas non plus aimé ce livre. l’autisme n’est pas une personnalité mais une particularité d’un individu avec une personnalité propre. Certes nos difficultés de perceptions peuvent nous conduire à affronter les mêmes difficultés, cela ne fait pas de nous les mêmes individus. Quand à cette théorie de race supérieure elle a un gout de déjà vu qui me déplaît fortement !! La mécanique du pendule qui consiste à répondre à un extrême par un autre extrême n’a jamais donné quoi que ce soit de constructif.
    Par contre j’apprécie son coup de gueule contre ces médecins (dont Luc Montagnier) qui prétendent »guérir » (on revient à la notion de maladie) l’autisme à coups d’antibiothérapies à larges spectres pendant plusieurs mois : mare des ex célèbres professeurs ou ceux en mal de célébrité prêts à faire n’importe quoi, à nos dépends, pour faire parler d’eux !

    • aspergée ou seulement arrosée telle est la question sur 5 novembre 2023 à 14 h 55 min
    • Répondre

    Je n’ai pas lu ce livre. En revanche, on m’a toujours dit que j’étais trop flexible et nuancée dans ma façon de penser et m’exprimer (notamment dans ma propre remise en question) pour être sur le spectre TSA avec ses rigidités.
    Ben quand je vous lis, je vous trouve nuancée (et agréable à lire du coup). La nuance (et l’arborescence qui est peut être à son origine?) fait tellement partie de moi (parfois au point de trop douter) qu’elle me rassure quand je la vois chez les autres. Des propos sans nuances m’ont toujours fait un peu peur…Pour moi l’honnêteté intellectuelle doit avoir une part minimum de nuances…
    Enfin, si maintenant on parle d’un spectre, cela veut dire qu’on ne peut pas être 100% TSA/ 100% neurotypique, non?! Mais plutôt un % de l’un et un pourcentage de l’autre?
    Et quand bien même le fait que pleins de neuro-atypiques puissent se fondre dans la masse sans jamais être diagnostiqué (la génération de nos grand parents et parents surtout puisque ça allait de paire avec la désinformation) prouvent bien qu’ils ont forcément un minimum de ressemblance ou point commun avec les typiques. Idem pour tous ceux d’aujourd’hui diagnostiqués à 30, 40, 50, 60 ans…
    J’ai une grande empathie pour les minorités et les opprimés, j’appartiens à certaines, mais s’abaisser à vouloir juste renverser le pouvoir dans l’autre sens est involutif et pas une marque d’intelligence selon moi. Si ce n’est conserver l’existence d’une oppression et d’un manque de savoir vivre ensemble et tolérance de son prochain. Et puis ce n’est pas qu’une question de pouvoir mais de capacités, il y a des contextes ou un autiste peut être plus compétent, et d’autre où il est en situation de handicap, donc l’urgence ne serait-elle pas plutôt au partenariat respectueux?

    1. Je suis d’accord avec toi sur le contrat respectueux, qui serait tout simplement l’inclusion, la vraie.

      Par contre non, on est soit autiste, soit neurotypique, pas les deux. Le spectre autistique n’est pas sur le spectre neurotypique, le fonctionnement est différent et handicapant dans la société telle qu’elle est faite aujourd’hui, car elle est faite pour les neurotypiques (la majorité en fait, qui sert de représentation à ce qui serait la norme).

      Et les anciens autistes ne se fondaient pas dans la masse, ils étaient simplement mal jugés, victimes et de la société et de leur différence sans nom… les plus visibles étaient enfermés et médicamentés et systématiquement mis au rang de déficients intellectuels.

      Il faut bien avouer que le partenariat n’est pas possible à cause des neurotypiques qui restent accrochés à leurs normes et codes sociaux hypocrites, car pour eux, l’autiste doit se conformer, s’intégrer, et non être inclus. (du coup, les efforts viennent toujours plus des autistes pour s’adapter à tout).
      Les endroits où nous sommes considérés et inclus nous sont favorables en fait, les autres nous sont hostiles. Et le temps où les autistes devaient se conformer aux attentes neurotypiques et les « imiter » est révolu… Les autistes réclament d’être eux même et d’être inclus, de plus en plus. J’ai confiance aux jeunes autistes qui sont en train de faire leur place dans la société, perso je ne suis là que pour les encourager à ne pas se laisser faire… ^^’

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