Retour à Prises en charge

Autisme et psychanalyse.

(Psychomotricité psychanalytique OU rééducative?)

Si vous êtes un peu informés sur le sujet, ce titre vous a énervé, et c’est tant mieux, et si vous avez juste cliqué en pensant trouver une prise en charge pour vous même ou l’un de vos proches, vous allez très vite déchanter 🙂

Avant toute chose, ce qui est important de savoir c’est que la HAS (Haute Autorité de Santé) ne recommande pas la psychanalyse pour les autistes.  Comme vous pourrez le lire dans cet article de blog dont je vous mets un extrait:

« la HAS met en doute la pertinence des méthodes psychanalytiques en concluant, comme déjà cité plus haut, qu’en l’absence de données sur leur efficacité et la divergence  des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques » (cliquez sur les mots violets pour accéder aux sources).

Vous voilà tous informés, c’est bien, mais pas suffisant. Il aura fallu que je me retrouve embarquée, malgré moi et mes connaissances sur le sujet de l’autisme, dans un soin dont je ne soupçonnais pas que la psychanalyse puisse en faire partie.

Je vous dresse le contexte. Je suis en burn-out autistique, je consulte en CMP parce que mon médecin a peur que je sois en dépression ou que j’ai un trouble anxieux, et je suis dans l’attente d’une place en SAMSAH-TSA qui ne viendra probablement jamais.  Je suis reçue régulièrement par un infirmier qui fait office de psychologue, très respectueux de mon autisme, depuis cet été- il m’aide pas mal à avancer, on me diagnostique de nouvelles choses grâce à son soutien, le fait de pouvoir parler à quelqu’un comme lui me permet d’entrer en introspection et de me raviser sur pas mal de mauvais comportements envers moi même, inconscients, et d’enfin comprendre que je devais accepter mes limites et adapter mon rythme en fonction de mes comorbidités.  Heureusement que j’ai eu ce soutien pour encaisser certaines choses.

En parallèle de ce suivi, je reprends les séances de kiné orientées en rééducation pour le SEDh (qui fait partie des nouveaux diagnostics). Mais je ne comprends pas bien ce que je fais. J’ai confiance en ma kiné car elle me fait faire des exercices nouveaux, adaptés et m’explique le SEDh et son impact sur moi. Mais l’interaction sociale m’est toujours compliquée, il suffit d’un rien (bruit, odeur, lumière, déclic) pour que je n’écoute plus vraiment ce qu’on m’explique ou que je passe à côté de certaines informations… du coup je n’avais pas compris que les exercices visaient à me faire travailler la dys/proprioception.

Par contre, j’avais fait des recherches sur le SEDh et je savais que pour la proprioception, voir un psychomotricien pourrait m’aider. Je demande donc si je peux en voir un au CMP- On me l’accorde de suite, mais pour l’anxiété et la gestion des émotions, pas pour cette problématique. Encore une fois, je ne comprends pas trop ce qui se passe, je ne sais même pas si je suis vraiment en trouble anxieux ou pas à ce moment là. Je décide de jouer le jeu, on verra bien- puis je garde de bons souvenirs de la psychomot de Fille, donc j’ai vraiment aucune méfiance, puis je me dis qu’on pourra sûrement travailler la proprioception.

Lors de la première séance, il m’est demandé si je suis d’accord qu’un stagiaire soit présent- je dis oui, mais je demande si je peux porter des notes (comme le font tous les autistes en peur d’oublier des informations)- la psychomotricienne me répond « non, vous venez comme êtes » (oui moi aussi j’ai pensé à la pub ^^’). Je trouve ça pénible mais je me dis que c’est le premier contact, qu’elle veut peut être juste voir comment je me débrouille sans notes.

La première séance se déroule bien car le stagiaire est gentil et semble comprendre ma situation- la psychomotricienne me dit des choses, dont certaines me sonnent « bizarres »… mais sans réussir vraiment à savoir ce qui me dérange. Je laisse couler.

La deuxième séance, sans stagiaire, je n’ose pas emporter de notes… Je tiens à préciser qu’il ne m’a pas du tout été expliquée comment se dérouleraient les séances et des méthodes envisagées et que même si la personne n’est pas au courant, il est écrit plusieurs fois sur mon diagnostic complet que j’ai besoin de prévisibilité… sans ça, je ne peux pas être sereine. Je raccourcis volontairement, mais là je trouve que les propos sont de plus en plus bizarres, qu’ils tapent à côté de qui je suis, et qu’ils vont à l’encontre de tout ce qui m’est recommandé par les autres soignants, puis je fais des exercices qui me sont habituellement interdits par la kiné. Y’a quand même une tentative de voir si j’ai un soucis de psychomotricité fine, et une proposition de travailler dessus.

Après cette séance, je parle à l’infirmier de mes doutes concernant l’utilité de travailler sur l’anxiété car j’ai l’impression de gérer ça en fin de compte, et je lui demande s’il est possible de travailler la proprioception uniquement, avec la psychomot- et en fait je lance une alerte. Elle tient des propos qui me font réfléchir et j’ai l’impression que ça me tire vers le fond- l’infirmier me confirme que si le soin n’est pas bénéfique il me faudra le stopper, mais me conseille d’en discuter avec elle.

Troisième et dernière séance… J’essaie donc de faire le point en avertissant toutefois que je suis extrêmement fatiguée par un récent accident de santé avec un traitement pour ma tension et que j’ai mal partout. J’indique en premier lieu que la kiné ne veut pas que je fasse d’étirements car ça aggrave mes problèmes- à aucun moment elle ne se renseignera sur les exercices que je fais avec la kiné- en fait elle n’est pas très curieuse de mon profil cette dame.

A partir de là, sans vouloir faire la « ouin ouin » de service, je n’ai rien compris à ce qui m’arrivait… elle s’est mise à me couper systématiquement à chaque fois que je parlais, à répondre des trucs tellement débiles que j’avais l’impression d’être sur Twitter (<_<‘ )…

« Elle: – Vous ne DEVEZ pas vous identifier à l’autisme car on ne s’identifie pas à sa maladie- les schizophrènes ne s’identifient pas à leur schizophrénie par exemple, vous êtes un sujet, et donc…

Moi (déjà agacée de me faire couper à chaque tentative de lui expliquer en quoi c’est important de prendre en compte le TSA- et en plus elle me traite de « sujet »):

Alors si si je m’identifie à l’autisme si je veux, parce que c’est ce que je suis, les TSA c’est un fonctionnement neurologique, pas une maladie, contrairement à la schizophrénie, qui se soigne et qui à mon sens est plus grave qu’être autiste. Et vous n’avez pas à juger cela.

Et si je vous rappelle régulièrement que je suis autiste, c’est que je vois bien que vous ne le prenez pas en compte dans l’échange (qu’elle ne veut pas que je prépare et sur lequel je n’ai aucune prévisibilité), quand je parle avec d’autres soignants, je ne ressens pas le besoin de le leur rappeler…

(J’ai dit ça après avoir pleuré de frustration et de fatigue à force de me faire couper. L’infirmier  pensait qu’elle serait ouverte au dialogue alors que j’ai plutôt senti son désir de se sentir supérieure avec ses 0 empathie de surface et sa manie de toujours parler des schizophrènes… à une autiste.

Mon regain d’énergie pour défendre ça, c’est de l’écholalie d’une conversation que j’avais eu avec la psychiatre du CRA de Fille, qui m’avait expliquée que je m’identifiais de la façon dont je voulais et que personne n’avait à me dire la façon dont je m’identifie ou pas- merci à elle, vraiment, elle avait ajouté que ceux qui ne prennent pas en compte mon autisme, je ne suis pas dans l’obligation de les fréquenter aussi- elle m’avait également avertie de ne jamais adhérer à des soins psychanalytiques, qu’ils n’étaient pas bons pour nous).

Voilà voilà… Donc la psychomot au CMP n’est pas un soin approprié. Elle aura au moins fini par reconnaître qu’elle n’est pas qualifiée et pas compétente sur les TSA. Et j’avoue qu’y retourner pour faire de la détente après ça me semble incohérent x)

Je m’en veux beaucoup car j’ai voulu partir plusieurs fois, mais je suis restée bloquée- cela dit, j’ai compris pourquoi et ça m’aidera probablement dans une autre situation. J’ai accepté un exercice de détente et j’ai volontairement écourté après, quand elle m’a demandée ce que j’avais ressenti (pas grand chose comme je ne sens pas certaines parties de mon corps) x).
J’ai même noté un futur rdv alors que je savais déjà que je n’irai pas. (plutôt crever même).

Cette femme et son comportement, discours, c’est en fait tout ce dont je dois absolument m’éloigner et me protéger car c’est toxique. Et c’est ce genre de discours qui m’a conduite au burn-out autistique. En creusant (creuser, c’est ma façon d’être résiliente je crois), j’ai compris mon erreur.

Il existe bien une recommandation pour les autistes de faire de la psychomotricité pour travailler sur la gestuelle et faire de la rééducation, mais la plupart des psychomot n’y sont pas formés et surtout  sont dans des courants psychanalytiques. Et donc ils suggèrent des choses en pensant que ça aura un impact positif sur le psyche du patient, et que de ce fait il y aura un impact physique (oui j’explique mal, pardon, mais elle même a été incapable de m’expliquer sa discipline ^^). Le fait est que ce genre de pratique est dangereuse pour les autistes et a tendance à nous enfoncer puisque notre bien être ne sera jamais de faire « comme » les neurotypiques, mais d’être nous même et de l’accepter.

En fait le discours psychanalytique, on a passé notre vie à le subir de la part des gens lambdas qui ont ancré des croyances erronées sur le comportement humain et qui refusent qu’un fonctionnement différent du leur puisse exister (ce qui est dramatique vu ne nombre de différents fonctionnements que nous connaissons actuellement et les découvertes scientifiques qui sont accessibles à tous).

En creusant, je me suis également rendue compte que les exercices de la kiné suffisent à travailler la dysproprioception (ainsi que des dispositifs médicaux pour maintenir ou corriger les postures).

Je déculpabilise de ma connerie en me disant que ça va peut être éviter à d’autre ce genre de piège. Mon texte est un peu long, mais je voulais rendre compte du contexte et des ressentis qui pourront vous alerter.

Dans tous les cas, retenez bien que:

– Quand une personne dit des choses erronées sur le TSA et ne se corrige pas ou ne fait pas preuve de curiosité alors que vous le lui signalez- Fuyez!

– Avant de commencer un soin, demandez à la personne si elle croit aux vertus de la psychanalyse… si elle répond oui- Fuyez!

– Si vous vous sentez mal traité dans un soin ou dans votre vie personnelle, même si vous ne savez pas mettre les mots sur le pourquoi vous ressentez ça- stoppez le soin ou la relation. Faites vous confiance, si vous vous sentez mal, ça n’est pas en train de vous aider.

– Parlez de vos suivis avec vos proches ou un autre autiste- si vous n’avez personne à qui en parler, parlez en sur les RS/ forums. Ne restez pas dans votre mal être et ne vous laissez pas convaincre que vos troubles sont des problèmes à résoudre alors que le véritable travail consiste à les accepter.

Je vous laisse avec un échange que j’ai eu sur « X » qui m’a fait beaucoup de bien et m’a donné l’énergie de faire cet « article » de sensibilisation sur la dangerosité de la psychanalyse qui peut se cacher dans des soins qui ne portent pas son nom… Je doute que ça aide qui que ce soit, et il est rassurant de constater que des psychiatres en doutent également ^^

Just_Autist (28/12/2023).

2 Commentaires

    • Carine sur 28 décembre 2023 à 23 h 56 min
    • Répondre

    Merci pour cet article ! Et bravo pour avoir su t’affirmer face à cette psychamot.
    J’ai vu un psychologue en CMP, avant le diagnostic TSA. Je vivais des violences post-séparation ++ mais j’étais encore loin de m’en rendre compte, toujours à me remettre en question, à trouver des justifications à l’injustifiable.
    Je lui parlais de mon quotidien et de celui de mes enfants (procédures judiciaires et mesures éducatives dont mon ex-conjoint était invariablement à l’initiative) et le psy me parlait de mon enfance et de ma mère.
    J’ai perdu un an à voir ce psy. Je n’ai pas su mettre un terme proprement à ce suivi. Je n’y suis plus allée, je n’ai rien dit, je n’ai pas répondu à ses sms, je n’ai pas répondu à ses appels (ça c’est habituel). J’ai beaucoup culpabilisé pendant les mois qui ont suivi. Aujourd’hui je suis en colère.
    Alors merci encore de nous faire part de cette expérience

    1. Merci pour ton témoignage que je comprends parfaitement. Avant mon diagnostic, j’ai souvent abandonné des tentatives de soins pour les raisons que tu as aussi vécues et de la même façon ^^. J’ai également été victime de violences, dans l’enfance et à l’âge adulte et je suis restée seule à me construire avec mes traumas parce que je voyais très bien qu’on ne me comprenait pas.
      Je vais devoir annuler le rdv avec la psychomot- je m’y prépare mais ça va être compliqué ^^ Je pense que je ne lui dois aucune justification sinon celle de ne plus vouloir suivre son soin ^^

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