Bonjour, bonsoir à tous !
Aujourd’hui, je souhaite aussi bien m’adresser aux personnes autistes qu’aux professionnels de l’esthétisme en tout genre : coiffure, maquillage, vêtements… si vous êtes un client neuroatypique, n’hésitez pas à leur faire suivre cet article!
Commençons par les clients:
Cher client autiste. J’ai conscience que cette épreuve est compliquée, mais en principe les vendeurs et autres clients sont des personnes relativement bienveillantes (à moins d’un coup de poisse, ce qui peut malheureusement arriver). Il y a de grandes chances pour que tu puisses te débrouiller seul/e, mais en cas de questions qui peuvent concerner de nombreux points, (Le prix qui n’est pas sur l’étiquette/la deuxième chaussure qui n’est pas dans la boîte (si si ça arrive), vous venez de commencer le maquillage et voulez des conseils qui ne sont pas forcément toujours clairs sur le net…), voici :
-Essayez d’utiliser le téléphone dans la mesure du possible. Certains renseignements sur des produits peuvent être obtenus par ce biais mais, plus simplement, appeler un coiffeur à domicile ou, s’il n’y en a vraiment pas dans le coin, prenez rendez-vous dans un salon de coiffure avec un horaire fixe, ce qui peut s’avérer plus bénéfique que de poireauter en salle d’attente en lisant des magazines datant de 2006.
-Les conventions sociales de ce genre de lieux sont souvent simples : dire bonjour en entrant dans la boutique ou avant d’alpaguer quelqu’un (croyez-moi, les neurotypiques ne sont pas mieux sur ce point alors qu’il s’agit de la plus élémentaire des politesses), remerciez-les de leur aide et reposez les produits là où vous les avez trouvé. Pour le coiffeur, faites ce qu’il demande ( positionnement de votre tête, ne pas bouger à certains moments etc…), évoquez vos difficultés si ce dernier veut vous tenir la conversation et répondez tout de même à ses propositions concernant les soins selon vos besoins. Basiquement, c’est tout.
-Identifiez les lieux trop criards et potentiellement problématiques en regardant par la vitrine. Selon la taille du magasin, vous pouvez même y voir une bonne partie des vêtements.
-Si vous avez des soucis d’argent, foncez à la friperie, on y fait de belles découvertes. Concernant les cosmétiques il existe aussi des boutiques « tout à deux euros », mais soyez vigilants sur la composition des produits.
-Apprenez à résister et à poliment et courtoisement demander à un vendeur de vous laisser tranquille.
-Évoquez vos difficultés, c’est important, et cela peut permettre à l’autre d’apprendre !
Passons aux autres destinataires de cet article:
Chers professionnels, durant vos études, il se peut que, si l’on vous a appris comment s’occuper de n’importe quel client, ceux ayant des spécificités neurologiques sont peut-être passés à la trappe, sauf pour les personnes s’étant spécialisées dans l’intervention dans des foyers pour personnes divergentes.
Avant toute chose, partez d’un principe : ne serait-ce que venir dans un magasin ou un salon de coiffure PEUT coûter beaucoup d’énergie. Les odeurs des produits, l’aspect visuel, les lumières et une myriade d’autres choses sont peu enclines à nous mettre bien. Mais bon puisqu’on ne peut/veut pas tout commander par internet ou se couper les cheveux soi-même, ce dernier recours s’avère nécessaire. Laissez-moi donc vous guider pour que tout se passe au mieux.
Et n’oubliez pas : nous sommes tous et toutes différent/es, n’ayez pas d’a-prioris !
Vêtements :
Si la personne vous en parle, concentrez-vous uniquement sur les difficultés évoquées (ou profitez-en, si la personne est d’accord, pour vous instruire). Magasin de vêtements (ou chaussures et accessoires) : Avant toute chose, sachez que si votre boutique possède par le plus grand des hasards, des caractéristiques confortables (luminosité pas trop forte, pas d’odeur particulière, pas de musique ou à volume réduit, pas ou très peu de monde), une personne autiste peut s’y réfugier pour se calmer. Si vous voyez un ou une cliente rentrer, marmonner comme il peut un « bonjour » et errer un peu aléatoirement, laissez-le se calmer à sa façon dans son coin. Peut-être prendra-t-il un peu après le temps d’admirer votre collection ?
Mais ce cas étant tout de même moins fréquent que la raison principale pour laquelle on entre dans une boutique de fringues, à savoir l’achat, il faut savoir répondre aux besoins du client.
-Si la personne touche attentivement les vêtements avant de les retirer du rayon, c’est par pure analyse du contact. Si la matière ne lui plait pas, il est inutile pour elle de l’essayer.
-Ne soyez pas effrayés par les petits tics, tocs et mouvements d’autostimulation accidentels. Jamais une personne autiste n’a mangée un vendeur juste parce qu’il lui a proposé un pull qui gratte.
-Si elle vous pose des questions, répondez de façon littérale et sans le moindre sous-entendu.
-N’insistez pas. Certes votre but est de vendre mais une personne en situation de handicap peut éventuellement finir par céder pour diverses raisons, or il s’agit également d’une catégorie de personne potentiellement plus exposée à la précarité.
-Pour les chaussures, la personne ne prendra que la chaussure parfaite à ses pieds (et éventuellement à ses yeux), et risque pour cela d’essayer plus d’un modèle. N’en soyez pas agacés (nous aussi, nous sommes souvent agacés de ne pas trouver).
-Concernant les bijoux, la matière est également primordiale. Dites bien au client ou à la cliente ce que c’est si il/elle le demande et que ce n’est pas indiqué.
Maquillage :
Certaines personnes autistes aiment se maquiller. Mais pour cela encore, il peut y avoir besoin de conditions spécifiques à cause du toucher et de l’odorat. Il existe apparemment des marques faisant du maquillage qui ne se sent pas sur la peau, mais n’étant que très peu connaisseuse dans le domaine, je ne saurai vous les citer. Mais en tant que vendeur ou vendeuse, je suis certaine que vous y parviendrez ! Pour ce qui est du reste, les règles s’appliquent un peu comme celles du magasin de vêtement. Soyez la patiente incarnée ! Et si c’est un homme, sachez que nous n’avons cure des conventions sociales, ne le dissuadez pas, ne jugez pas, conseillez-le. Il en va de même si l’homme est neurotypique d’ailleurs. Un client est un client !
Coiffure :
Une fois encore, certaines des règles évoquées plus haut sont ici également valables. Mais vu que la prise en charge est en plus physique, elle peut être plus complexe. Une personne autiste qui aime le contact avec de parfaits inconnus est une créature légendaire au même titre qu’un dragon, une sirène ou le dahu. Autant vous le dire : les chances d’en croiser une par un beau jour de printemps sont assez faibles. Mais vous pouvez amoindrir cette torture en étant le plus agréable des coiffeurs.
-Ne vous offusquez pas du silence ou des réponses courtes de la personne dont vous vous occupez. Bien sûr il existe des bavards, mais une main inconnue dans les cheveux est une façon un peu trop efficace d’appuyer sur le bouton « off » de la boîte à parole.
-C’est un fait avéré : si jamais la température de l’eau n’est pas parfaite, tout le monde ou presque ment en disant le contraire. L’autiste peut malencontreusement faire de même par imitation de convention sociale ou peur d’embêter la personne, ou selon certains cas ne pas du tout sentir la température. Faites donc très attention à la chaleur.
-Si le client vous demande s’il y a possibilité de baisser la musique, essayez de le faire.
-N’hésitez pas à proposer une toute petite pause entre les étapes de la coupe, sans contact. Cela peut être salvateur.
-Attention à tout geste incontrôlé. Un petit mouvement de tête au mauvais moment peut faire rater une coupe. Assurez vous que la personne puisse rester en place, sinon, faites une pause (en particulier si vous tenez le lisseur ou encore le ciseau près de l’oreille).
-Ne pas insister sur la vente des produits, proposez juste. Ils sont chers.
Voilà, c’était juste quelques petits conseils, merci de votre attention !
Chise